Cette journée d’étude pluridisciplinaire a pour ambition de faire découvrir une dimension peu explorée des sciences humaines et sociales : le rapport à la demande sociale, particulièrement incontournable dans le domaine de la santé.  Nous proposons de faire partager des expériences de chercheurs ainsi que des initiatives émergeant du terrain visant à enrichir les recherches et à faire évoluer la façon même de concevoir la recherche en santé.         

L’objectif est de développer une réflexion sur la manière de produire des connaissances en sciences humaines et sociales en dialogue avec le terrain dans le domaine de la santé. Nos recherches, affiliées à différentes disciplines (la psychologie, les sciences politiques, la sociologie et l’anthropologie), ont en commun d’investiguer la santé en prenant appui sur des terrains d’enquête. Or les interactions entre le chercheur et les acteurs de son terrain, qu’ils soient professionnels, patients, usagers du système de soins, constituent souvent un impensé de la recherche. L’accès au terrain puis le recueil de données  sont des moments clés de la recherche, forts des échanges qu’ils suscitent et des bouleversements qu’ils provoquent. La démarche de cette journée sera donc d’interroger à la fois les conditions de production des connaissances mais également de partager entre chercheurs nos expériences concrètes et nos réflexions face à des situations parfois difficiles auxquelles chacun répond individuellement.

 L’impératif actuel, de nature éthique pour le chercheur ou formalisé par la structure d’accueil, d’intégrer les acteurs de l’enquête au processus de la recherche met le chercheur à l’épreuve : comment faire face à la demande de transparence et au partage des données tout au long de l’enquête ? Quels appuis scientifiques, éthiques ou politiques trouver quand sa légitimité se voit contestée, a minima quand elle ne peut être d’emblée assurée ? Face à une forme de concurrence ou à des conflits avec les acteurs de terrain, comment inventer de nouvelles manières de faire ? Comment gérer les conséquences des demandes croissantes des acteurs de l’enquête (usagers, structures d’accueil et/ou de financement) ?

Trouver une place et définir son positionnement sur le terrain de recherche représentent un élément essentiel de la réflexion scientifique et éthique de la recherche. Au delà de l’aspect certes primordial du recueil de données, les échanges avec le terrain nous apparaissent comme un réel enrichissement à l’origine d’un renouvellement de la recherche (approches participatives, collaboratives ou communautaires).